Pour le financement de la protection sociale, Emmanuel Macron se dit séduit par la TVA sociale. C'est une piste de tous les dangers.
Il s’agit d'abaisser sensiblement les cotisations sociales patronales et, dans une moindre mesure, celles des salariés. Ces réductions de recettes seraient compensées par une augmentation de la TVA. Le président y voit l’avantage d’abonder les fonds sociaux, mais surtout de réduire « le coût de travail » et de rendre ainsi nos productions plus compétitives à l’exportation tout en boostant les marges bénéficiaires des entreprises françaises.
C'est en fait encore un gros cadeau fait au patronat. Le monde des affaires a toutes les raisons d’être séduit par cette perspective alors que le monde du travail a tout à y perdre. Si les feuilles de paie s’en trouveraient très légèrement augmentées, la TVA ne manquerait pas de ronger le pouvoir d'achat des familles dans les commerces et les services. Cela rapporterait 13 milliards d’euros, autant pris dans la poche des ménages.
C’est encore au nom de la compétitivité, d’une concurrence internationale farouche et d’une dette étatique trop lourde que l'hôte de l'Élysée et ses amis détricotent la protection sociale, ce bouclier, ce salaire indirect corrige en partie les inégalités.
Toujours la recherche du profit
L’argument des « nécessaires réductions des dépenses de l’État » ne tient pas quand on sait que, depuis qu’il est au pouvoir, Emmanuel Macron a consenti une baisse d’impôts sur les sociétés de 73 milliards d’euros et que les diverses aides accordées aux entreprises sont évaluées à 200 milliards.
Cette politique a mené à un appauvrissement de la grande majorité de nos concitoyens et à l’enrichissement immodéré d’une minorité d’affairistes. Ces sacrifices sans limites sont la conséquence de la course aux profits que se livrent les pays capitalistes. La guerre économique planétaire déclenchée par Donald Trump aggrave cette situation.
Cette annonce coïncide avec le moment où se tenait Choose France, ce grand raout macroniste visant à attirer les investisseurs en France. Il y voit un acte d’allégeance présidentielle au monde des affaires, qui réclame moins de charges et moins de règles de production pour plus de rentabilité.
Ce système dont l’unique moteur et repère est le taux de profit maximum mettant les nations et les humains dans des états de concurrence extrême peut conduire au pire. N’est-il pas urgent de travailler à une alternative démocratique salvatrice capable de conjuguer initiative individuelle et collective et bien commun ?
Dominique Gerbault
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