La représentation nationale a pu voter, pour la première fois la suppression de la réforme portant l’âge de départ légal à la retraite à 64 ans. Le vote est sans appel : 198 pour, 35 contre.
La volonté de voir ce texte abrogé est aussi majoritaire à l’Assemblée qu’il ne l’est dans l’opinion. Ce fait démocratique est désormais incontestable, il a été permis par l’opiniâtreté des députés communistes qui ont proposé cette résolution à l’occasion de leur niche parlementaire.
Le message est clair : le peuple français et ses représentants ne veulent pas de cette réforme. Et aucun aménagement à la marge discuté en coulisses, en l’absence de plusieurs syndicats majeurs, n’y pourra rien changer. Les passages en force à la manière d’Élisabeth Borne ne sont plus d’actualité.
« Brutale et injuste, cette réforme de 2023 est également la plus grande blessure démocratique depuis la négation du vote des Français lors du référendum de 2005 », déclare le coprésident du groupe de la Gauche démocrate et républicaine (GDR), Stéphane Peu, à l’origine du texte. « Le pays a besoin de réparer l’outrage qu’il a subi (...) Un oui majoritaire obligera le gouvernement », martèle l’élu communiste de Seine-Saint-Denis.
Les 41 députés RN présents lors du scrutin –sur 123– ont voté pour. De même que des élus Liot. La gauche, elle, a voté d’un seul bloc en faveur de la résolution non contraignante qui n’a qu’une portée symbolique. Seul le gouvernement peut décider de donner suite.
73 % des salariés en faveur de l’abrogation
Pour rappel, un sondage commandé par la CGT à l’Ifop indique que 73 % des salariés sont pour l’abrogation de la réforme, quand 68 % des Français se disent favorables à un référendum. Emmanuel Macron va-t-il entendre le message porté par le Parlement et par la rue ? Interrogé en mai dernier, le président avait balayé cette hypothèse d’un revers de la main. « La réponse est non », avait-il répondu.
Ce gouvernement, minoritaire, ne peut plus faire la sourde oreille ou évoquer, avec des trémolos dans la voix, son ambition de préserver « notre modèle social » sans tenir compte de la démocratie. Les sempiternelles manœuvres du Conseil d'Orientation des Retraites (COR) n'y changeront rien. Ses solutions sont un échec, le COR le dit lui même puisqu'il souligne que le déficit va augmenter. De véritables financements pérennes ne sont jamais recherchés. Il faut dire que Gilbert Cette, son président, est un grand ami de Macron. L'ancien président a été, remercié il y a deux ans car très critique envers le projet du gouvernement.
Les Français veulent d’autres sources de financements. Emmanuel Macron et son Premier ministre n’ont plus que deux issues : l’abrogation ou le référendum.
Dominique Gerbault
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