Les diplomaties française et saoudienne sont-elles en train de reculer ? Selon les informations du Guardian, la conférence internationale, qui doit se dérouler à New York du 17 au 20 juin sous l’égide de l’ONU, ne devrait pas voir l’annonce d’une reconnaissance de l’État de Palestine.
Il serait désormais question de « mesures préliminaires », de mise en place de groupes de travail et, à nouveau, de conditions préalables que seraient : le cessez-le-feu (ce qui revient à mettre Netanyahou en position de décideur), la libération des otages, la mise en œuvre de réformes de l’Autorité palestinienne (AP), le redressement économique des territoires palestiniens et la fin de la domination du Hamas sur la bande de Gaza.
Un cessez-le-feu pour mettre fin aux massacres, au processus génocidaire, à la situation de famine et aux déplacements massifs de civils, à la « crise d’humanité », comme le dit Jean-François Corty, président de Médecins du monde, à Gaza, est nécessaire et urgent. La libération des otages, comme le PCF l’exige depuis les crimes terroristes du Hamas du 7 octobre, également. L’unification des territoires palestiniens sous l’égide exclusive de l’OLP et de l’AP, sur la base de la charte dont l’OLP s’est dotée, ne l’est pas moins. Tous ces éléments sont centraux et doivent être mis en œuvre immédiatement et inconditionnellement.
Immédiate et inconditionnelle. La reconnaissance de l’État de Palestine doit l’être également. Est-ce que les quatre pays européens qui, l’année passée, ont reconnu l’État de Palestine ont demandé des « conditions » ? Aujourd’hui, 148 États, c’est-à-dire une majorité mondiale écrasante, ont reconnu l’État de Palestine.
La reconnaissance de l’État de Palestine n’est pas une fin en soi. Cela ne peut pas être non plus un aboutissement qui serait dépendant de la mise en œuvre de « conditions ». Mais elle doit être le début d’un processus visant à faire advenir un État palestinien effectif aux côtés de l’État d’Israël, pour une paix juste et durable entre les deux peuples. Comme le dit très clairement Bassam as-Salhi, secrétaire général du PPP et membre du Comité exécutif de l’OLP, la constitution d’un État palestinien sur la base du droit international et de la solution à deux États permet de déclencher un processus à la fois démocratique pour le peuple palestinien (nouvelles élections) et pour la paix pour l’ensemble de la région. C’est également ce qu’exigent les communistes et le Mouvement de paix en Israël. C’est le cas, par exemple, de ceux qui dénoncent le blocus en organisant des marches sur Gaza, impliquant plusieurs milliers d’Israéliens, dans un silence médiatique assourdissant.
Il n’est jamais inutile de faire un détour par l’Histoire. La construction d’un État palestinien aux côtés de l’État d’Israël est un engagement historique des communistes. Rappelons-nous des positions de la Ligue de libération nationale en Palestine, formée de communistes, organisation arabe qui soutient en 1947-1948 le plan de partage de l’ONU, comme seule solution pour la paix, reconnaissant l’existence de deux peuples sur la terre de Palestine. On peut se remémorer les paroles fortes du grand dirigeant communiste israélien, Meir Vilner, à la Knesset au moment de l’invasion du Liban par les armées israéliennes en 1982 : « Il n’y a qu’une seule solution pour la paix israélo-palestinienne : le retour sur les lignes du 4 juin [1967], un État palestinien aux côtés d’Israël, une paix complète avec les États arabes, une garantie internationale pour les accords de paix. Seule une paix complète sur ces bases, une paix juste sur ces bases seulement donnera la sécurité. Tout le reste n’est que des aventures dangereuses. »
Aujourd’hui, la reconnaissance de l’État de Palestine répond à deux exigences immédiates. La première est de faire appliquer concrètement les droits nationaux du peuple palestinien. On pourrait dire : enfin. La seconde est de donner au peuple palestinien un véritable cadre politique, nécessaire pour mettre fin aux massacres de masse et à la politique d’épuration ethnique, alors qu’il fait face à un véritable risque d’annihilation. On entend souvent : « Il n’y a pas de partenaire palestinien. » Rien n’est plus faux. L’OLP est la seule représentante internationale du peuple palestinien. La reconnaissance de l’État de Palestine serait un véritable pas en avant vers un État palestinien de plein exercice, souverain.
C’est ce que le PCF et l’OLP ont démontré le 4 juin dernier lors de la conférence commune « Liberté pour la Palestine ». Être à la hauteur de la gravité de la situation, c’est faire le lien entre la nécessité de mettre fin aux massacres immédiatement et celle de la perspective politique, par la reconnaissance immédiate de l’État de Palestine aux côtés de l’État d’Israël. La constitution annoncée le 4 juin par le PCF et l’OLP de l’alliance pour les droits nationaux du peuple palestinien répond également à cette même nécessité d’articuler urgence immédiate et perspective politique.
D’ici à la conférence de New York, le renforcement de la mobilisation en faveur de la reconnaissance de l’État de Palestine est nécessaire. L’occasion est historique. Il ne faut pas que le gouvernement français la laisse passer !
Article publié dans CommunisteS, numéro 1045 du 11 juin 2025.
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