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Soyons des hommes libres !

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Jeudi 17 mars à midi, ils étaient plus de 250 à s’être rassemblés devant le palais des Congrès pour accompagner Philippe Galano au tribunal où il devait comparaître pour s’être opposé à son fichage dans le FNAEG (Fichier national des empreintes génétiques). Militants syndicaux de la CGT, de la FSU, de FO, de la CFTC, salariés des ASF, militants du PCF, du Parti de gauche, du NPA, de la Jeunesse communiste, venus du département mais aussi de Béziers ou d’Alès, ils ont rejoint en cortège le Palais de Justice.

Un large soutien au syndicaliste poursuivi

Passant devant le siège du Conseil général, Gérard Gironell, pour la FSU, avait relevé la devise «Liberté, Egalité, Fraternité, Laïcité, Solidarité» inscrite au fronton du bâtiment pour dénoncer le fait que, par delà le cas de Philippe Galano, «ce sont toutes les libertés syndicales qui sont en jeu». Et Edmond Harlé de la CFTC, tout comme Jean Matas pour FO, ajoutait «c’est honteux de mettre un syndicaliste dans un fichier de délinquants pour son action syndicale». Pierre Place, au nom de l’Union départementale CGT, relevait que «Philippe a été injustement condamné pour avoir tenté de négocier avec les cadres des ASF. Quand on appelle cela séquestration, c’est une justice de classe». Ajoutant que «c’est une sale période pour les syndicalistes qui sont considérés comme des délinquants sexuels», il rappelait que l’ancien patron des patrons, Yvon Gattaz, avait déclaré qu’«au 21ème siècle, les syndicats sont inutiles, nuisibles et doivent disparaître». François Thiery-Cherrier, au nom de la Confédération nationale CGT, a dénoncé les lois sécuritaires qui «ne servent qu’à criminaliser l’action sociale et syndicale» et rappelé qu’«en 2008, Bernard Thibault a interpellé à ce sujet le Garde des Sceaux et n’a eu aucune réponse à ce jour».

Enfin, avant que ne s’ouvre la séance du tribunal, Philippe a réaffirmé son refus d’être fiché comme un criminel car «c’est grave pour la démocratie», ajoutant «quand on n’a plus peur, on est libre; alors soyons des hommes libres!»

A l’ouverture  de l’audience du tribunal, on reconnaissait dans la salle Nicolas Garcia, responsable du PCF, Danielle Benquet, responsable du Parti de gauche, et de nombreux syndicalistes. Le président Dooms a d’abord rappelé que Philippe Galano avait été condamné à trois mois de prison avec sursis, en 2009, par la Cour d’appel de Montpellier pour avoir «séquestré» des cadres des ASF en 2003 et que, suite à cette condamnation, la loi prévoit un fichage génétique. Or il a «refusé de se soumettre à un prélèvement biologique destiné à permettre l’analyse et l’identification de son empreinte génétique» les 17 et 30 mars 2010. D’où la comparution au tribunal.

Refus de la criminalisation syndicaleAprès avoir rappelé qu’il n’avait jamais séquestré qui que ce soit, mais était simplement venu, en tant que responsable syndical, négocier avec la direction de l’entreprise dont il était salarié, Philippe Galano a interrogé «pourquoi faut-il qu’un syndicaliste se retrouve sur un fichier ?». Et quand le président lui répond que c’est une disposition de la loi votée par le Parlement, il rétorque «j’estime que la désobéissance civile est nécessaire quand la loi est mauvaise. Ce serait reconnaître que l’action syndicale est criminelle».

Position que le président résume par une citation attribuée au général De Gaulle: «obéir est un devoir, désobéir est parfois une obligation» Le procureur, en relevant que Philippe Galano faisait de son refus une question de principe, a estimé que nul ne pouvait se soustraire à la loi, même s’il l’estimait injuste, et qu’un tel comportement pouvait être dangereux  pour la société, le respect de la loi dépendant alors de l’opinion de chacun.

Un brin provocateur, il a alors requis une amende de  3000€ dont 1500 assortis du sursis «pour ne pas faire un martyr» en demandant une peine de prison.

Des droits constitutionnels intouchables!

D’entrée, maître Serfaty-Chetrit, l’avocat de la défense, a rappelé au tribunal qu’il lui appartenait d’appliquer la loi «mais au regard des droits constitutionnels, dont la liberté syndicale». «Le fichier génétique n’est pas anodin. Créé pour les délinquants sexuels, on y a ajouté de nombreux délits. C’est pour cela que le législateur a voulu que ce fichage se fasse dans des conditions légales très strictes». Or, le défenseur a souligné que l’absence de l’arrêt de la Cour d’appel condamnant le prévenu ne permettait pas au tribunal de vérifier la validité des poursuites.

Rappelant que Philippe Galano avait été condamné pour des faits relevant de son action syndicale comme le prouvait la décision de l’inspection du travail à l’époque, maître Serfaty a souligné qu’il «convient de rechercher si l’inscription au FNAEG n’entraîne pas une restriction des droits et libertés constitutionnellement garantis.» Relevant les évolutions de la génétique, elle soulignait que cela remettait en cause «la solidité des garanties liées au FNAEG. Enfin elle montrait que, si Philippe était condamné, cette jurisprudence aboutirait à la création de fichiers de syndicalistes, ce qui est contraire à la Constitution.

Suite le 6 avril à 14 heures

Le tribunal a mis sa décision en délibéré et le jugement sera rendu le 6 avril à 14 heures. Nul doute que la solidarité avec Philippe Galano s’exprimera encore avec force à cette occasion.

R.G.

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le 24 March 2011

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