Fédération des Pyrénées-Orientales

Quand un mouvement très spécifique à la France exerce une pression populaire de type nouveau et surprend tous les indicateurs du mouvement social, on peut se poser mille questions. Aussi, un peu de clarté ne fait pas de mal.

Ce qui rassemble les Gilets Jaunes, c'est la volonté de dégager le président en place, jugé responsable de la misère qui enfoncent des millions de gens dont beaucoup n'ont pas l'habitude ancienne de la protestation sociale.

Au début, on aurait cru à une simple manipulation de l'extrême droite. Ce n'était pas si simple que cela, d'autant que dans les gilets jaunes on trouvait tout, y compris des communistes, des syndicalistes, et de toutes générations.

Ensuite il y a eu l'épreuve du feu, les manipulations, les répressions, les reculs superficiels du pouvoir pour essayer de calmer le jeu et, bien sûr, une tentative d'étouffement de la protestation traditionnelle du mouvement social organisé autour des syndicats, principalement la CGT.

Ensuite, covid oblige, il y a eu marginalisation du mouvement, ce qui incite à croire encore que ce mouvement serait revenu à ses origines potentielle, l'émanation de groupes identitaires d'extrême droite avec l'applaudissement de certains sites dits « gilets jaunes » dans le scénario de la prise du Capitole par les cinglés de Trump.

Il faut être prudent quant aux analyses hâtives sur la manière dont les protestations s'expriment dans un pays en crises multiples. Ce que l'on peut en retenir c'est qu'elles sont comme une photographie de l'état d'une partie de la société prise dans le chaos de l'insécurité sociale. Ce que l'on peut en exiger, c'est que les syndicats ne ferment pas le banc et exercent une activité constante, malgré le confinement, pour mobiliser l'opinion et modifier le rapport de force sans jamais exclure qui que ce soit qui n'est pas dans « le cadre ».

Dans ce sens, gilets jaunes ou non, il n'y a pas à mettre l'opprobre sur les formes de protestation qui se développent ici et là à partir du moment où elles ne font pas le lit de l'extrême droite. C'est d'autant plus facile à faire que le RN et tout ce qui tourne autour est le flambeau de la société de l'ordre pour l'ordre, en phase avec les ombres les plus obscurantistes de l'État et de ses bras armés sécuritaires.

Yvon Huet